L' ATRABIC

Physiquement présente, 

assise là devant ce mur au crépit jaunit,

le regard dans le vide, j'écris.

Mon bic crache sa bile noir sur la feuille,

je ne peux pas le retenir,

humeur liquide qui dégouline,

mon crayon fuit, et moi aussi; 

une fuite cérébrale, inconsciente,

Des tâches, des coulures, surplus d'encre indélébile,

Il gratte le papier, dessins aux formes découpées, déchirées;

mes mains tremblent et mes gestes deviennent automatique,

une chorégraphie macabre d'un bic en fin de vie; 

comme un animal qui se débat, ce sont ses derniers instants,

il raye la surface en crachant sa dernière encre qui viennent grossièrement tacher la feuille et mes mains, un dernier sursaut...

c'est fini, il se laisse glisser sur le bureau, autour tout est silencieux; 

atmosphère endeuillée, il a finit par vomir ses aigreurs.

Physiquement présente,

assise là devant ce mur au crépit jaunit,

Je reprends conscience,

mes mains sont tachées de larmes noires, 

La feuille et le bureau ne font plus qu'un, 

Mon poignet tremble;

Je me sens vide mais apaisée.